La Barre des Écrins, notre Mont Blanc à nous
La Barre des Écrins, culmine à 4102 m et son non moins célèbre petit frère, le Dôme de neige des Écrins s’affiche à 4015m d’altitude.
Ils s’inscrivent sur la liste des 84 sommets de la chaîne des Alpes atteignant la fameuse et prestigieuse altitude des 4000.
Sa première ascension fut réalisée le 25 juin 1864 par les Anglais Adolphus W. Moore, Horace Walker et Edward Whymper, guidés par le chamoniard Michel Croz et le suisse Christian Almer.
Une sculpture d’acier a d’ailleurs été érigée en l’honneur d’Edward Whymper sur la route nationale entre l’Argentière la Bessée et Briançon. Magnifique œuvre d’art et hommage à ce géant de la montagne ayant ouvert d’innombrables sommets dans les Alpes.
L’ascension de nos jours est rendue de plus en plus difficile de par les fréquentes chutes de sérac. Ces énormes blocs de glace, gros comme des immeubles qui n’ont ni règle ni sonnette d’alarme avant de s’effondrer en avalanches colossales.
C’est pourquoi aujourd’hui nous avons trouvé une alternative qui réjouit tous les ascensionnistes : le sommet de Roche Faurio.
Roche Faurio, un sommet accessible à tous, perché à 3730m
Il n’est meilleur point de vue sur la Barre des Écrins que l’ascension de Roche Faurio.
Comment peut-on admirer un sommet sur lequel on se trouve. On y admire la vue mais pas ses faces, son glacier, ses arêtes effilées, sa grandeur. Or, pendant la randonnée glaciaire qui mène au sommet de Roche Faurio, nous effectuons de nombreuses pauses afin d’admirer cette imposante Barre des Écrins.
Quand nous quittons le refuge des Écrins à la lueur des frontales, vers 4h du matin, nous rejoignons le glacier Blanc. De là, si la lune est présente, nous éteignons nos lampes. Peu à peu nos yeux s’adaptent à l’obscurité et soudain se révèle un décor inattendu. Toutes les montagnes et leurs sommets jouant avec les étoiles apparaissent devant nous. Selon l’avancée de la lune dans la nuit, certaines faces restent aussi sombres que les pires faces nord. De l’autre côté , comme dessinées au fusain, faces rocheuses et crevasses, neige et parois, apparaissent dans d’impressionnants contrastes.
Au fond, tout au fond du glacier se dressent comme une imposante muraille le Dôme et la Barre des Écrins. Comme aimantés nous marchons vers eux, laissant nos pas s’adapter aux reliefs du glacier. C’est tout simplement féerique.
Les heures rouges sur la Barre des Écrins
Les sommets commencent à recevoir les faibles rayons de l’horizon. Doucement le décor se réveille lui aussi de la pénombre au jour. La lumière descend sur les faces à mesure que nous avançons. Et soudain, comme sorti de nos méditations silencieuses, le spectacle commence. Toute la montagne se voit redécorée, illuminée par une précieuse et chaleureuse douceur. Le rose, puis l’orangé inondent la montagne : le soleil se lève. Toute la fatigue du petit matin est oubliée, les yeux s’illuminent dans ce rêve éveillé. La course s’ouvre sur un nouveau chapitre, à présent le sommet est en ligne de mire et la motivation est mêlée à l’excitation.
Le sommet
L’équipe malgré l’altitude gagne les derniers mètres sous le sommet. Il faut redoubler d’encouragement pour certains. Parfois, il semble que les forces nous abandonnent avant la ligne d’arrivée. Comme un relâchement, comme si les efforts à fournir devenaient insurmontables et vains. Allez, messieurs dames, un pas après l’autre. C’est alors que sans même réaliser, nous y sommes, la victoire est là sous nos pieds.
C’est un doux moment d’euphorie, d’émotion, parfois de larmes. Les accolades, les sourires, les félicitations et les remerciements fusent comme à la fin d’un spectacle. Nous passons quelques minutes en concert de silence. Chacun est en lui même comblé, rassuré, réconforté. C’est à ce moment précis bien souvent que nos pensées vont vers nos proches, nos amours, nos enfants. Tous les êtres chers avec qui l’ont voudrait partager cette magie du sommet.
Il faudra désormais penser à redescendre, veiller à ce que chacun reste concentré. La course ne sera terminée qu’à l’arrivée devant la porte de chez soi. Nous regagnons le glacier moins raide. Ici nous pouvons souffler après les dernières pentes où déjà la neige passe de gelée à tendre et glissante.
Du minéral inerte à la vie des alpages
La vallée peu à peu redevient visible. Du blanc, nous passons aux roches de granit, puis au vert des premières végétations, les mélèzes. Du minéral inerte à la vie des alpages. Sifflent les marmottes et les quelques chamois descendus s’abreuver, énervés de nous voir si près de leurs jeunes éterlous.
Nous prenons le temps pour nous remémorer l’aventure autour d’une bière et d’une assiette généreuse de verdure et charcuterie. Il est l’heure des aurevoirs.
Merci à vous… et bravo.
Benjamin, votre guide.