Le deuxième jour de notre stage escalade dans les Calanques fut une belle épopée.
Nous sommes partis à pied depuis les Calanques de Port Miou, à côté de Cassis pour découvrir la Calanque d’En Vau.
Une bien belle ballade d’une heure et demi récompensée par des panoramas de rêve. En fond de toile une mer turquoise, un petit port aux bateaux élégants, des falaises à pic et pour cadrer la photo… ces magnifiques pins parasols.
On entre dans la Calanque d’En Vau comme on entre dans une cathédrale
En ce qui nous concerne, dans la Calanque d’En Vau, nous avons pris une claque monumentale. Car il s’agit bien d’un véritable monument… Imaginez que vous êtes inscrit(e)s pour un petit stage d’escalade dans les Calanques et qu’au menu du stage on vous invite à prendre votre maillot de bain…Qu’après une bonne approche, dans ce chaud pays, sac et cordes sur les épaules, une halte s’impose avant de s’élancer à l’assaut des falaises.
Vous arrivez au plus bas niveau d’un vallon, c’est à dire presque au niveau de la mer. De chaque côté du sentier, des falaises abruptes, des grimpeurs perchés, tels des indiens dans les western, vous entourent.
Le sang va bientôt vous monter à la tête tant votre soif de grimpe est grande mais…soudain…Vous entrez dans la Calanque.
La plage est à notre arrivée quasiment déserte. Seule une dizaine de personnes sont installés sur des pagnes, des serviettes.
Vous êtes en sueur, vous parlez fort et soudain vous découvrez cet incroyable paysage.
En même temps les gens se retournent à votre arrivée comme pour vous dire : ici est un lieu de recueillement, merci de garder le silence.
Ce que nous fîmes…
On entre dans ces Calanques comme on entre dans une cathédrale.
Les Calanques : une autre idée de l’escalade
C’est très simple : de l’escalade dans ce pays aux accents chaleureux, il y a en a partout. Partir pour un séjour là-bas, c’est garantir une diversité de rocher, de lieux féériques et ce quasiment toute l’année. Si si, des gens se baignent toute l’année !
Tout en se baignant, nous pouvions observer la multitude de grandes voies qui nous entouraient. Nous nous imaginions déjà, suspendus au dessus des flots. L’eau était à une température parfaite, sa couleur, ses mouvements : l’extase…
Après cet interlude, nous avons gravi les sentiers qui mènent au fameux trou de canon. Une lucarne de laquelle nous voyons quasiment toute l’étendue des falaises jusqu’à Marseille.
Des centaines, voir des kilomètres de falaises à perte de vue…Il faudrait une vie pour écumer cet espace incroyable.
La traversée Ramond. 4 ème partie de la grande traversée du Devenson
Trêve de bavardage, nous enfilons les baudriers. Pour se jeter directement dans l’ambiance nous entamons la descente dans une veine juste assez grande pour désescalader en mode spéléologues dans les entrailles de la terre. Les rigolades vont bon train. Chacun s’entraide dans l’obscurité pour atteindre la lumière. Cette traversée commence de manière si originale que la fatigue de l’approche est déjà oubliée.
Nous allons sinuer, crapahuter, passer dans le chas d’aiguilles de rocher. De temps en temps, il faut grimper un passage plus technique mais jamais plus difficile que du 4 pour pimenter un peu l’aventure. Nous allons prendre le temps de vibrer dans certaines traversées plus gazeuses que les autres et prendre le temps de contempler ces merveilles de la nature.
Par moment, nous nous décordons pour aller farfouiller dans des grottes aux roches “diamantesques”.
La traversée se passe bien, c’est une croisière de haut vol…
Un pique-nique inoubliable
Nous arrivons bientôt aux dernières étapes avant d’entamer les 2 longueurs qui nous permettront de rejoindre le sommet du plateau. Je me dis qu’il faut faire durer cet instant le plus possible. Alors avant la remontée, nous trouvons un espace suffisamment confortable pour se poser. C’est l’heure de se ravitailler au son du ressac qui bat les flancs de Castel Vieil.
Sur ce blanc rocher, aussi blanc que la neige, nous partageons nos victuailles, avec un précieux sentiment de rareté.
Véritable adepte de la micro sieste, j’entame non sans mal dans cette chambre de rêve, un petit somme, comme pour absorber encore un maximum de sensations, d’odeur, de souvenirs impalpables.
L’escalade vers la sortie : une tout autre aventure
Un peu trop endormi peut-être, je me jette à l’assaut de ces 2 petites longueurs qu’il nous reste à gravir.
La difficulté technique me parait soudain, après quelques mètres, bien plus grande que celle annoncée. Je m’arrête un instant pour confirmer ma possible erreur. Je finis par rejoindre le relais dans l’idée que de toute manière, ça ne dépasse pas le 6a.
Mes compagnons de cordée ne vont pas se désunir pour autant.
Bon, après la moitié de la voie, les premiers râles, gémissements, à la limite de l’insulte amicale commencent à se faire entendre.
Nous sommes 2 cordées de 3, ce qui risque avec mon collègue et ami Charles, de devenir folklorique…
En effet, cette première longueur est bien trop dure pour eux…mais très honnêtement, quelle rigolade malgré les efforts investis.
Ayant compris que de temps en temps, j’aime un peu relever le niveau des difficultés et que je ne vais pas les faire descendre pour corriger mon erreur, ils vont tout donner.
Après quelques mouflages, tirage à la dégaine et des repos à la limite de l’épuisement, tous le monde se rejoint au relais. Ouf, le plus dur est passé, tout du moins on l’espère.
La longueur suivante traverse dès le départ, mais elle est très franchement un cran en dessous et leur mental est maintenant acéré. Nous allons gagner le sommet et célébrer la victoire de ce géant vaincu…à mains nues ! -)
Une baignade et on rentre
Après quelques rappels nous retrouvons la Calanque. Comme il est tard, elle est à nouveau déserte. Impossible de contourner ce moment de détente qui nous donne encore à savourer notre journée…
Je crois que notre stage escalade dans les Calanques prend un tout autre tournant :
le voyage plaisir où il fait bon apprécier la vie comme elle vient.